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Tag - rock brut

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dimanche, novembre 26 2023

THE HIVES - The Death Of Randy Fitzsimmons


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The Death of Randy Fitzsimmons est le sixième album studio du groupe de rock suédois The Hives , sorti le 11 août 2023 sur le label Disques Hives du groupe. L'album marque la première sortie en studio depuis plus de 11 ans, avec "Lex Hives" de 2012 , marquant le plus long écart entre deux albums de Hives.

L'album a été enregistré dans un studio appartenant à Benny Anderson , membre d'ABBA, à Stockholm. L'album est le premier album à présenter le bassiste The Johan and Only, après le départ du Dr Matt Destruction en 2013. "Randy Fitzsimmons" fait référence au sixième membre fictif des Hives qui aurait été le manager du groupe et l'unique auteur-compositeur. 



THe Hives c'est une énergie sauvage, un état d'esprit espiègle, une usine à gaz prête à sauter, un mythe du rock garage qui ne cesse de répandre son grandiloquent impact et cirque musical, le rock garage Hi Energy de The Hives a toujours percuté pour son sens frénétique et haletant de son esprit Peter Pan.

Mais si depuis les derniers opus la recette cuisait dans un feu trop doux de pop rock champagne et de saveur de stadiste, responsable d'être une tête à claque à claquer justement quelques hits frénétiques aussi il faut bien le reconnaître, celui-ci revient aux fondamentaux, et c'est très cool.

Tout l’album décharge un saut de tension, d'explosion, de pétulance et d'éclat punk rock garage. The Hives revient avec une maturité, pleinement conscient de se réaliser dans ce qu'il sait faire de meilleur, et espiègle parce qu'il accentue sa prétention sonique avec une superbe. Ça ne sent jamais le cramoisi, mais le brûler, avec cette haute tension de rawk et de hit furibard. Les suédois connaissent la recette miracle pour que leurs compositions se pèguent dans votre esprit en mantra savoureux, et au haut potentiel, et par un voltage électrique de première bourre, avec une simplicité à la AC/DC mais dont le fond est beaucoup plus pernicieux.



Le groupe enrobe son mordant avec de la saccharose, des reflets de mercure constitués de feux où il fait télescoper ses électrodes dans un bain d'électrolyte sonique, et cette friandise explosive se mâche à la cool, excellent Wayne's !

Mais après quelques écoutes le disque retombe dans l'oubli, excitant au début puis pshiiiit ! Il faut donc l'écouter avec parcimonie pour profiter de son punch instantanée.




samedi, novembre 25 2023

Le tumulte de la Botanique païenne au théâtre


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Le 21 Novembre l’association Toulousaine Noiser s’était délocalisée à la salle Altigone à Saint-Orens-de-Gameville, la programmation proposée marchait dans une forêt épaisse, souvent sombre, mais tout le temps percée de lumière. Trois groupes ont joué, pour trois filles au chant et pas un bassiste.

Nous étions assis, et pour mon épouse Samantha c’était une première de vivre un concert de la sorte. Elle a eu la sensation d’être davantage éprise par la musique, car son corps était en pause, et son esprit en éveil : « Le fait d'être assise c'est comme si tu étais attachée et que l'on te faisait des chatouilles consenties . Tu prends toute la musique sans que ton corps puisse en dégager l'aura, tu gardes tout dans tes profondeurs et la circulation vibratoire est différente. » Dixit Samantha


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LYS MORKE se présente en duo. Elle chante, joue de la guitare, pianote, belle voix avec parfois un chant autotuné, et un acolyte l'accompagne pour la partie rythmique.

Lys Morke (de son vrai nom Irene Talló) est une auteure-compositrice-interprète, guitariste et artiste visuelle de Terrassa (à côté de Barcelone), elle propose une dark indie électronique à travers les prismes de ce mélange hétérogène 2.0. La sensation d’avoir une actrice de Pedro Almodovar mise en scène par Massive Attack avec les atmosphères poppy de Grimes, épaulées par des projections vidéos. Son univers est riche et finalement assez équilibré pour ne pas se perdre dans un fouillis farfelu et trop pop.

Le côté intimiste se retrouve dans la sensation profonde des morceaux, et non dans ce qu’il pourrait restreindre un duo, tant les titres offrent une étendu de relation sensible, d’épaisseur électro, dans le chant mélodique. Le duo offrira un bel équilibre, même si le caractère intime sera préféré à l’effervescence de titres plus poppy. Lys Morke nous a offert son trip, et il était étrangement cool avec une intimité qui possédait la lumière d’un cœur pur.


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A.A.WILLIAMS est une artiste anglaise proposant une musique à la croisée du Post-Rock, du Metal et de la musique classique, le tout teinté d'une ambiance gothique.

C’est en trio avec un guitariste (lignes claires et solos), elle au chant et guitare (souvent jouant soit des riffs soit les parties basses) et un batteur. Si au début le chant est à peine audible il deviendra plus important et son caractère primordial abondera à ce que nous nous apaisions sur de la poudre à canon et dans une tourbière pleine de venin aiguisé. Même si parfois l’on s’ennuie un peu tant les titres sont fabriqués dans la même essence, cette douleur ankylosée coulera par des applaudissements polis, puis par davantage d'apothéose au fil du set Si la plupart des titres allongent leur mouvance et flottent paisiblement, il n’est pas rare que soudainement une explosion se fasse entendre, et aura fait sursauter les trois donzelles juste devant moi, pour ébahir dans un magma de puissance et d’intensité que le post-rock et blackgaze en émettent la solution fuligineuse.


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Le concert nous aura fait plonger les yeux vers la canopée avec ces châteaux gothiques marbrés de satin et d’hémoglobine intimiste, que A.A Williams peint. Elle a une très belle voix au final. J’avais pu en apprécier la teinte au Hellfest.

J’aime cette douce odeur de foudre qui m’entoure dans des forêts éteintes et des bois calcinés de dark. Une sorte de pourriture paillée, profonde et riche qui n’a aucune connotation de mort ou de fin, mais plutôt de vie romanesque chargée de plainte et de douleur excitante, avec son expression sentimentaliste de destruction perpétuelle et de renaissance.

Dans le faible clair obscur qui a épousé le fiel, la tourmente autour de la chapelle de AA Williams, les tombes effondrées et les ossements secs ne pouvaient faire de mal à personne. Je me suis demandé, mais quelle langue parle la lumière de ses yeux quand elle sombre dans les ténèbres avec un tel ravissement ?

AA Williams a cueilli ses lys sauvages pour nous suspendre à sa force de chèvrefeuille gothique, et de son cœur saignant elle a été étoilée par une pleine Lune magique pour nous dévoiler ses confessions vulnérables.


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KALANDRA est un groupe de pop alternative nordique composé de quatre musiciens norvégiens et suédois (Jogeir Daae Mæland, Katrine Stenbekk, Florian Döderlein Winter et Oskar Johnsen Rydh) qui tissent des mélodies éthérées dans des paysages musicaux païen serti de pop rock incantatoire.

Entendre ce feux musical de firmament, d’éternité et d’infini est un spectacle intense à entendre dans le creux de votre sensibilité pour que les étoiles dialoguent ensemble. Il émane de ce groupe une présence translucide emportée vers les hautes étendues sauvages.

Nous avons été étourdi.es par ce rêve d'opium, par la clarté d’une lune et le parfum des bois sombres, le soleil païen, des chants d’oiseaux, l’embrun des roses et des genêts à l’aurore. Notamment avec l’apport de ce chant absolument envoûtant. Le groupe parle dans la douceur des fables, et ses racines descendent jusqu'aux profondeurs du monde, à travers la terre humide, à travers les veines de plomb et d'argent. Nous étions tout de fibre dans ce parfum des racines et des feuilles, dans l'odeur épaisse de la sève du sapin, dans la noirceur d’une forêt où l’on contemple les ténèbres au bord du précipice, avec les tremblements de la voie lactée comme souffle épique.

J’ai vu ce groupe au Hellfest, et le public avait été happé. Il en sera de même, même si techniquement il y aura des couacs, le concert reste inoubliable, avec au milieu de la lune et des roses, la belle sensation de sentir l'herbe chaude qui chantait la demeure du vent. Mes pieds étaient nus et je sentais grandir à travers moi, directement dans mon cœur les empreintes d’une lumière immémoriale, réminiscence des peuples anciens, de ces jours écarlates et nuits incantatoires où l’homme faisait l’amour à la nature.

Nous étions transporté.es dans toutes les forêts du monde qui ont gardé le mystère de chacun de nos pas dans la douceur de leur mousse rhizoïde, permettant l'ancrage du substrat vers les pétales du cœur de chaque personne, désormais en fleur.


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L'asso Noiser est n'est pas un prestataire de concert c'est un passeur d'âmes !

Un grand Merci infini et éternel à toute l'équipe Noiser, à la salle Altigone et leur personnel, à Lys Morke, AA Williams et Kalandra pour cette très belle soirée.


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mardi, octobre 31 2023

Calanque culturelle et précipice générationnel


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Les illusions poussiéreuses de la fin de l'été cédaient la place aux beautés dorées de l'automne, plus nettes et plus éphémères. C’est dans ce calque incertain que je dérobais à la courbe du quotidien cette saveur de rejoindre le ban culturel sous l’égide de fadas, capables de donner vie et corps à un concert de rock.

Castres est une ville d’Occitanie, qui depuis 1992 bénéficie d’un IUT avec des infrastructures d'enseignement et de recherche de haut niveau et d’une équipe pédagogique. L’IUT héberge 5 départements de formation : Chimie, Informatique, Métiers du Multimédia et de l'Internet (MMI), Packaging, Emballage, Conditionnement (PEC), et Techniques de Commercialisation. Il y a aussi l'INU Champollion à travers l'école d'ingénieurs ISIS, spécialisée dans le domaine de la santé connectée. Dans un écosystème particulièrement actif, l'école forme depuis 2006 des ingénieurs informaticiens dotés d'une double compétence "numérique et santé".

En plus de tout ceci les étudiants bénéficient de la Maison de Campus. Conçu sur le concept des « Learning centre » = lieu de vie et de travail est ouvert à tous les étudiants de Castres-Mazamet. Situé à proximité du restaurant universitaire, entre l’IUT, l’école d’ingénieurs ISIS et le lycée, ce bâtiment de 1 000 m² propose des espaces de documentation, de rencontre et de convivialité. Il est pensé pour répondre aux évolutions des pratiques pédagogiques (pédagogie par projet, travail collaboratif, recours au numérique) …500 m² sont notamment consacrés à la médiathèque inter-universitaire, à laquelle sont associés des salles de travail en libre accès, des bureaux dédiés à l’animation de la vie étudiante ainsi qu’un espace de détente : le ‘’ Learning café’’. Le fablab INNOFAB y est également implanté, et le Syndicat mixte y a ses bureaux.

Un putain de havre à la cool, esprit 2.0 silicon valley…Bref, comme pour les skate park qui pullulent partout désormais, cette jeunesse ne se rend pas du tout compte de toutes les infrastructures misent à sa disposition, mais quelle chance.

Dans mon village nous skations sur des trottoirs cabossés et morcelés de pièges crevassés sur lesquels nous ricochions en cascade, et sans casque, sans rien, génération mercurochrome. Une pile de magazines + une planche en bois et nous avions un tremplin. Rien n’était stable, les magazines étaient lisses, nous faisions avec. Alors des HALF-CAB, HEELFLIP, BACKSIDE 180°, FAKIE OLLIE, FAKIE POP SHOVE-IT, VARIAL KICKFLIP, NOLLIE POP SHOVE/NOLLIE FRONTSIDE SHOVE-IT, et mes couilles sur le tapis du salon n’avaient pas lieu dans une discussion, déjà fallait avoir un skate.

C’est la première fois que je foutais les pieds à la maison campus. Mon souvenir du Lycée professionnel du Sidobre de Castres c’est que nous avions un cimetière en face, et pour tout loisir, une cour avec 4 bancs, il y avait aussi une mixité sociale que ne connaitrons jamais les universités. Pas la même ambiance.

La soirée était organisée par l’association La lune Derrière Les Granges et l’équipe pédagogique/étudiante de la maison du Campus. 2 groupes de rock, début des concerts 18h30, gratuit. Du caviar ! Tu n’as juste qu’à te déplacer.

Bilan : si je décompte les groupes, l’orga, il y avait une dizaine de personnes, moyenne d’âge 45 ans.

Concert gratuit = lol (sigle signifiant Laughing Out Loud ) moi de ce signe j’y vois davantage le cynisme flatulant d’un trou du cul ironique.

Je reviendrais à l’attaque de cette démission du corps étudiant plus loin…D’abord place au concert.


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Premier groupe c’est le jeune trio Toulousain Brotherwood (la vingtaine comme moyenne d’âge) qui se lance à 19h20 pour un rock entre Placebo, Nirvana, Arctic Monkeys, the Strokes, Radiohead. Le chanteur possède un déhanché subtil, un truc un peu théâtral, peu commun, qui contraste avec leur musique, mais une présence certaine. Son chant est lui aussi capable d’offrir une palette assez vaste permettant de tailler dans plusieurs styles et de faire vivre leur rock, notamment à gorge déployée pour envoyer la sauce grungy. Le trio se démène à la cool, pas de pression, il fait son set, navigue dans cette tranche musicale début des 2000’s avec tous ces groupes en The. Poinçonnant un venin venu des 90’s, et toujours cette gestuelle venu des 80’s. La base rythmique assure les arrière, vient parfois pointer un truc un peu funky slapé à la basse, des breaks furibard à la batterie.

Je ne connaissais pas du tout, Brotherwood fait son petit effet kiss cool, leur jeune âge pour faire du rock fait l’effet d’un anachronisme, ou de cette densité peu palpable avec les intérêts actuels de la jeunesse. Oui c’est étonnant de faire du rock à 20 ans désormais, Brotherwood le fait très bien.


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Puis le second groupe, la tête d’affiche, avec les Clermontois de Young Harts, pour dérouler un set punchy, dévoilant le sel de leur dernier opus « All I Got » nettement plus venimeux que leur précédent, avec la griffe d’un rock indie explorant une ample gamme de luxuriance racée. Le groupe me fait penser à Kings of Leon, avec au départ un rock rugueux (blues sudiste dans le cas des Amerloques) puis au fil des tournées un rock plus élégant, urbain même. Bon maintenant Kings Of Leon s’est paumé dans les méandres d’une pop chichiteuse, ce qui est loin d’être le cas de Young Harts. Mais il y a en commun cette soif de l’échappatoire, d’offrir un spleen teintée de brume et de chaleur bestiale tout à la fois, un évanouissement spectral avec un esprit venu des âges du rock comme le Velvet Underground, The Doors, The Doobie Brothers, Eagles, et nettement plus punk rock pour nos Clermontois. J’avais préféré leur premier « Truth Fades » dont le groupe avait effectué une tournée en passant par Castres, vous pouvez consulter l’ITW filmée sur la chaine youtube du wallabirzine et un passage de leur set.

Mais depuis ce concert j’ai (re)écouté leur dernier et il est vraiment très bon. Bien assimilé et compris leur épanouissement désormais. Le chanteur a une superbe voix, basse et riffing guitare excellent et un batteur en mode bûcheron namasté, des chœurs chamarrés. Cool, vraiment !

Cris le chanteur d’origine Anglaise jouait auparavant dans The Elderberries, groupe montait avec des compatriotes britanniques, un canadien et un batteur Français, dans un mood du rock 70’s, Led Zep, Ac/Dc, j’avais réalisé des chroniques de leurs albums dans le webzine Thefrenchtouch, qui n’existe plus.

Nous avons passé un super moment avec les ami.es, Brotherwood et Young Harts, gratuit en plus, merci pour tout. Pour le reste bon courage à ces battants pour organiser des concerts, éduquer c’est rabâcher, mais quand tu es devant le mur de l’isolement, c’est encore plus dur. Ne lâcher rien, tant pis pour les autres.

Retrouvez les photos de junk de cette soirée Lune Calling #53 sur la page FB du WBZ.


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Tout a été accompli pour réduire la curiosité des gens sur un écran qui tient dans une main. Tout ce qu’il y a autour n’a plus lieu. L’humain 2.0 végète ses substances neuronales dans le camp concentrationnaire mondial du virtuel. Le monde d’avant est mort, celui d’après se vit sous pixel.

Restons en vie dans le réel comme une blessure bouillonnante de fraîcheur glaciale, n’accablons personne, il y a des instants où la réussite est juste dans le cœur de ceux et celles qui sont dans l’action, pleinement satisfaits et qui de fait, se réalisent.

J’ai lu un article dans la presse sur une étude dont la conclusion claironnait que l'homme devenait de plus en plus bête, abruti et con. Pourtant le génie de l'homme a consisté à projeter un neutron sur un atome lourd instable, et quand ce dernier éclate alors en 2 atomes plus légers, cela produit des rayonnements radioactifs et 2 ou 3 neutrons capables à leur tour de provoquer une fission, pour la création d'une énergie. Tout comme il a pu en haut de la chaîne alimentaire asseoir sa domination sur d'autres et être un loup pour l'homme, avec comme opportunité de le faire cravacher à sa place. Ainsi dans un réacteur de polymérisation lier des monomères tels que de l'éthylène et du propylène entre eux pour former des chaînes polymères, et donc du plastique, que l'on retrouve in fine (je raccourcie le délire) pour qu'un gars puisse se retrouver devant sa TV a maté des séries au kilomètres en bouffant un burger fabriqué dans un hangar de Seine-Saint-Denis et non un resto branché parisien, livré par un esclaVtrepreneur indépendant sur une trottinette électrique. Tout ceci se passe en ce moment même, dans cette ère où la musique est compressée comme cette époque de cynisme avec laquelle on cloisonne les peuples dans des tiroirs communautaire all inclusive.

C’était mieux avant ? C’était différent. Cela ne sert à rien de comparer, chaque époque vit son jour et devient nuit pour que la nostalgie passe dans chaque fissure du temps. Mais comme pour chaque génération il est important de tout remettre dans son contexte et le vécu.


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Il y a des possibilités qui se perpétuent, et c’est tout l’art du commerce : « C’est incroyable que seules trois chansons aient réussi à me faire vivre pendant 30 ans ! » dixit Nicolas Peyrac

Je pense que Jul pourra dire la même chose dans 30 ans. (attention le signe c’est jul ce n’est pas lol, ne pas confondre, vous pouvez y voir autre chose).

Revenons à cette soirée. Le monde sonore livrait ses mystères comme si l'on savait d'où venaient les vagues tonitruantes qui frappent les rochers, le sifflement du vent qui lisse les herbes et le clapotis des petites vagues soniques dans la lagune ténébreuse. De cette nuit pourrions nous trouver une lune noire dans la forêt musicale, mais au fait, qui s’en souciait ? Comme toujours ne subsistent que le bord des choses et le bruit de ce qui n’est plus.


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Le brouillard me collait au cœur, la pluie torrentielle de mes pensées polymorphes trempaient dans un arôme de cannelle. C'était un soir automnal et mon corps en suivait l’afflux par une rigidité d'agacement qui viendrait tendre ces douleurs passagères que l'esprit endurcit en beau misanthrope. Je constatais que la vie étudiante n'était pas qu’une vacuité mais un strapontin où se joue un avenir professionnel, bien plus important à accomplir pour assure ses arrières, apporter une dimension safe à l’avenir incertain. Pas de place au danger, tout doit être sous contrôle, secure, pris dans une assurance vie. Reste-t-il une place libre, non pas pour du temps de cerveau disponible, mais à l'échappatoire, à une vérité que le rock en permet la perception, l'émancipation, le danger ?

Les anciens gueulent que le rock est mort, crucifié sur les monts de l'industrie de masse, ventru à vomir par des U2, Coldplay, zombifié dans son cuir élimé comme un vieux débris tel que Rolling Stones et consorts ?? Qui pour le pleurer aujourd'hui ? Bien qu’encore il se fait déplumer jusqu'à purger ce qu’il reste dans cet os à moelle.


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Où sont les flammes promises, le suc, la sève, la magie noire, le venin bestial ? Sont-elles donc toutes éteintes dans l'hérésie d'une retraite, dans cet hospice où viennent vomir le temps d'une publicité glacée les emblèmes, les gloires du passé, dans un artefact nostalgique siliconé depuis, ou en gestation de reconversion vintage, recyclé en commerce équitable ?

"C'est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé." Francis Scott Fitzgerald

Les flammes sont présentes, encore faut-il te déplacer pour faire fondre ce boulet qui te retient à une vie déjà mort-né.

Chacun est libre, de ses choix, du sens de son existence, de disposer de son temps, de l’occuper. Alors : Faut-il encore prendre ou perdre son temps à organiser des concerts ? Prendre sur soi pour éduquer, passer le flambeau, les rites de passages à des générations qui ont déjà choisis de vivre en coupant le cordon ombilical culturel ?

Personne ne reviendra sur nos pas, chaque génération crèvera, certaine avec le devoir accompli et le poing tendu, et d’autres pas.

Certes vous n'avez pas choisi, peut-être que l'on vous à imposer un chemin vers l’équarrissoir, si un charnier à ciel ouvert se prépare, c'est la mort d'une sagesse raffinée, d’un amour pour le rock, d’une révolution possible. La sensation que certaines générations montantes n’ont plus de révolte, de rébellion, qu’elles suivent une autoroute lisse, avec sa dose de publicité racoleuse, de parfum d’ambiance, l'électricité statique, le son clinique et propre d’un sol carrelé sur des pas faisant écho au vide intersidéral.

Nous vivons sur une île tranquille d’ignorance au milieu des mers noires de l’infini. Nous avons laissé de l’arbre des connaissances des trognons à moitié bectés pour un nouvel âge sombre, mais façonné par la société du spectacle. La plupart des festivals sont une foire économique gigantesque où se lie l’esprit de lumière d’un camping estival aux fêtes de Bayonne, à une free party, kermesse, et séminaire commercial, et dans une poche de résistance, la niche de l’underground bat de l’aile, certains iront les brûler comme Icare, mais la plupart resteront dans les catacombes, en marge, mais ils existent. Encore faut-il vous déplacer pour entendre cette résonance, cette beauté, la vibration incantatoire qu’elle émettra à tout jamais, délicate symphonie qui résonnera en vous chaque fois que vous poserez le pied sur ces terres.


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mercredi, octobre 25 2023

LES MAUVAIS JOURS - Let Yourself Grow


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« Les Mauvais Jours finiront », est extrait de La Semaine Sanglante, une chanson révolutionnaire. Le groupe est né à Strasbourg en 2016 avec des membres de Boring, Another Five Minutes ou More Dangerous than a Thousand Rioters. Après une démo 2 titres en 2017, et premier album 10 titres sorti en 2018 avec une énergie décapante et quatre tournées en Europe, « Let Yourself Grow » leur nouvel album enregistré au Cube Studio à Besançon, abonde d'une profondeur et d'une saveur astringente.

"Let Yourself Grow" glisse sur les montagnes escarpées de l'existence en puisant dans les cieux une réponse à son spleen émotif par un optimiste solaire. Rock indie, emo pop, power rock, dans ce coton soyeux où les groupes Fragile d'Angers, Heavy Heart de Nantes, et la cohorte Saves the Day, The Promise Ring, Sunny Day Real Estate, Sense Field, Jejune, American Football, dressent une collision sensible avec les jets délicats du groupe Strasbourgeois, l'on retient ce goût pour des guitares racés, une énergie rentrée pleine de ces affres adulescent, le cœur à sang, à fleur de peau pour balancer ces étamines soniques. Enflammée cette musique adore le vent du grand large, suspendre les climats dans un panorama de large dune.


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jeudi, octobre 19 2023

7 WEEKS – Fade Into Blurred Lines


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Toujours aussi ascendant dans son rock ténébreux, «Fade Into Blurred Lines » est l'album qui ère dans les méandres de l'âme humaine par son blues solaire emprunt d'un bleu lunaire.

Le trio 7 Weeks sait manier le rock avec la foudre élégante de Queen Of The Stones Age, n'hésitant jamais à aller chercher le Lou dans le bois du Velvet Underground, à s'arracher ses oripeaux sombres, ses lambeaux bluesy allant de Noir Dez, Gun Club à The Cult, pour y puiser l'essence même de plusieurs destinées, personnages, existences. C'est et surtout dans le songwriting de Chris Cornell et du ténébreusement solaire groupe SOUNDGARDEN, que 7 Weeks exalte sa dimension, sa profondeur et sa pulsion d'un rock tendu, passionné, voltigeur, délicat, racé, serein.

Ce diamant corrodé épouse une épaisseur de souffle et d'un battement sanguin brûlant, il érode les falaises de craie soniques, intensifie plusieurs atmosphères comme autant de ligne de Vie, embrase une vaste palette émotionnelle, berce son âme avec tous les soupirs du monde.




mercredi, octobre 11 2023

THE VAUGHNS - Egg Everything


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The Vaughns est un groupe de rock indépendant basé dans le New Jersey/New York formé en 2014 par Anna Lies  et  Ryan Kenter. Il vient de sortir « Egg Everything » via Equal Vision Records, produit par  Joe Reinhart  de Hop Along , qui était également à la tête de l'EP 2021 du groupe (et du premier album d'Equal Vision), qui se présente comme un hommage aux CD de mixtapes des labels distribués lors des festivals au début des années 2010. "Nous avons pensé que ce serait un concept sympa de sortir un album qui serait une mixtape, mais par un seul groupe",  explique Kenter. « En fait, nous allions simplement l'appeler « Sampler ».

Un disque qui s'appuie sur l'héritage tout en explorant leurs limites pour apporter un nouvel élan musical à leur indie-pop, et permet d'exprimer ses émotions les plus intimes avec plus de profondeur.



« Egg Everything » est composé autour de dix chansons et deux intermèdes joyeux le disque s'articule autour d'éléments à la fois de l'indie-pop rêveuse et de l'hybride surf-rock/power-pop de The Breeders, que le groupe a créé sur leurs versions précédentes. Ainsi The Vaughns chemine dans la pop alternative mélancolique et dans la douceur de Yo La Tengo avec le titre « Dimes », le rock'n'roll doucement up-tempo de « Turnaround », les harmonies d'un Brian Wilson et d'une Cat Power avec « Sixties », la nervosité fanfaronnante post-punk nerveux de "Gésiers » », quand la douce mélodie de « Bop Star » parvient à transformer la mélancolie en un hymne indie rock inspirant. Le tintement rêveur de « Mancala » est une rumination sur un être cher perdu, qui implore pendant la rupture intensément silencieuse de la chanson, « nous  étions heureux de pleurer ensemble dans cette période horrible » avant que la chanson ne se transforme en un magnifique crescendo chargé de cordes. 

The Vaughns reste cohérent, il déploie des mélodies et harmonies dans la sève et nectar de leur création. « Nous avons mis plus de nous-mêmes dans cet album que dans tout ce que nous avons fait dans le passé »,  explique Kenter. "Nous avons beaucoup appris et nous avons beaucoup grandi, et j'espère que cela se voit." "Nous nous sommes lancés dans cette aventure avec une véritable énergie",  ajoute Lies.




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